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Communiqué de presse 15 juillet 2019_ Passerell a.s.b.l.

 

Nous remercions sincèrement Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et européennes Jean Asselborn de l’intérêt qu’il manifeste au sujet des personnes vulnérables en répondant si promptement à notre communiqué du 11 juillet 2019. (voir ci-dessous)

Il réexplique le mécanisme par lequel les deux survivantes et leurs enfants doivent retourner respectivement en Italie et en Suisse en vertu de l’application des règlements européens. Ces explications ne changent rien aux conséquences sur lesquelles le Ministère n’apporte aucune réponse.

     La situation des demandeurs d’asile déboutés érythréens en Suisse est effectivement complexe. Le Tribunal administratif fédéral suisse a décrété, le 17 août 2017, que l'Érythrée «ne connaissait pas une situation de violence généralisée». Mario Gattiker, le secrétaire d'État aux migrations (SEM), a donc annoncé que le renvoi de 3 200 Érythréens admis à titre provisoire était licite. Dès lors, des centaines d'Érythréens ont reçu un ordre de quitter le territoire (exemple ci-joint). Les expulsions n'étant pas réalisables dans l'immédiat, des centaines de personnes se sont retrouvées sans mesure d’accueil, ce qui a déclenché un mouvement vers les autres Etats membres, dont le Luxembourg. De nombreuses personnes dans cette situation sont arrivées entre décembre et janvier au Grand-Duché bien que les statistiques publiées par le Ministère ne permettent pas de mesurer le phénomène. Concrètement, la « survivante » érythrénne n’a pas de solution.

 

 

     En Italie, les personnes que nous parvenons à suivre après leur transfert témoignent d’une situation de dénuement matériel extrême. De janvier à mai 2019, ce sont 31 demandeurs d’asile que le Grand-Duché a renvoyés vers l’Italie. La grande majorité d’entre eux sont passés par l’enfer des geôles libyennes. C’est notamment le cas d’un monsieur diabétique qui s’est retrouvé à la rue à Milan en avril 2019 (photo ci-dessous).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un autre jeune homme passé par la SHUK au Luxembourg et voulant éviter son transfert vers l’Italie est décédé à Calais (France) il y a plusieurs semaines.

 

La politique anti-migrants du Ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini génère un flux continu de demandeurs d’asile vers les autres Etats membres. Le Ministère luxembourgeois comme le Tribunal Administratif continue de fermer les yeux sur une pratique illégale : le retrait systématique des mesures d’accueil pour les demandeurs d’asile renvoyées en Italie depuis un autre Etat membre.

Dans ce contexte, comment croire qu’une « survivante » et son enfant de 18 mois trouveront sur place les ressources pour se soigner, s’intégrer et devenir autonome ?

Nous sommes consternés qu’autant de personnes lourdement traumatisées, répondant aux critères de la protection internationale se retrouvent en situation d’errance en Europe.

En se cachant derrière les règlements européens, le gouvernement luxembourgeois comme son homologue français ou allemand plonge ces personnes dans des situations extrêmes qui les replongent dans un état de dégradation incompatible avec la dignité humaine. Or, le respect de la dignité humaine est aussi inscrit dans les textes européens et prime sur les dispositions techniques des règlements européens.

Enfin, nous nous étonnons que le Ministère trouve fantaisiste l’idée d’une commission indépendante capable d’annuler une expulsion vers un autre Etat membre ou un pays tiers si celle-ci représente un danger objectif pour des personnes vulnérables, notamment lorsqu’il y a des enfants ou des victimes de torture et de violence sexuelle. Cette idée figure dans le programme gouvernemental de l’actuelle coalition : « Le groupe de travail fonctionnant au sein de la Direction de l’Immigration en charge de l’évaluation de la situation des personnes en séjour irrégulier pourra s’associer de représentants de la société civile. Il avisera le Ministre quant à une éventuelle décision de régularisation notamment sur base de motifs humanitaires d’une exceptionnelle gravité. »

 

 

>> Prise de position du ministre de l'Immigration et de l'Asile relative au communiqué de presse de l'ASBL Passerell, 12 juillet 2019.

 

 

Communiqué de presse 12 juillet 2019_ Passerell a.s.b.l.

 

A l’occasion du forum international "Stand Speak Rise Up!” fin mars, le Grand-Duché s’est fait la capitale de la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes dans les zones sensibles. Nous avons eu l’occasion d’y entendre son Altesse Royale la Grande Duchesse Maria Teresa ainsi que monsieur le Premier Ministre Xavier Bettel et monsieur le Ministre Affaires étrangères et européennes Jean Asselborn s’émouvoir du sort des survivantes.

Qu’en est-il des survivantes arrivées sur le territoire national ? Récits de deux survivantes qui ne trouvent pas la protection au Luxembourg.

Dans le cadre de ses projets à l’attention des demandeurs de protection internationale, Passerell a.s.b.l. reçoit beaucoup d’exilés et d’exilées. Parmi eux, deux récits effroyables nous ont préoccupés.

> La première femme est une somalienne née sous le régime shebab (intégristes appliquant la charia) et mariée de force à 13 ans. Après 10 ans et trois naissances issues de viols, elle a été reniée par son mari. Par après, elle a trouvé la protection d’un autre homme. Leur relation a été condamnée par les Shebab qui ont conclu à la lapidation pour les deux. Le jeune homme a été lapidé en place publique. Elle a réussi à s’enfuir et s’est retrouvée dans les geôles libyennes. Incapable de payer la rançon de sa propre libération, elle a servi d’esclave domestique et sexuelle jusqu’à ce que son état de santé se dégrade au point d’en répugner ses bourreaux.

> La deuxième femme est érythréenne. Violemment torturée par les autorités de son pays, elle a fui par la Libye où elle a subi le viol répété devant sa fille alors âgée de quatre ans. Lourdement traumatisées, elles n’ont pas réussi à faire valoir leurs droits en Suisse où elles sont déboutées de l’asile. Alors que l’Erythrée est probablement le régime totalitaire le plus sévère après la Corée du Nord, la Suisse a débouté des centaines de ressortissants érythréens.

Le Luxembourg s’est déclaré incompétent pour protéger ces deux femmes et leurs enfants : la première parce qu’elle a déjà reçu une protection en Italie, la deuxième parce qu’elle a déjà été déboutée par la Suisse. Craignant un transfert forcé vers l’Italie où elle a vécu à la rue, la première a quitté le Luxembourg avec son bébé sans savoir où aller. La deuxième a reçu une notification de transfert vers la Suisse qui la renverra dans son pays avec sa fille.

Au-delà de la brutalité sans fin du parcours de ces deux survivantes, les vies des deux jeunes enfants sont aussi en jeu. Ils ont des droits particuliers : la Convention des droits de l’enfants. Ces droits sont-ils respectés lorsqu’ils sont transférés de force d’un pays à l’autre en cultivant l’insécurité et leur traumatisme ? Cette question semble secondaire face à l’opportunité de faire diminuer le nombre de demandeurs d’asile au nom des règlements européens et tant pis si l’on donne du grain à moudre à Matteo Salvini qui, lui, ne les respecte plus.

Nous déplorons le départ de la première et espérons que le Luxembourg acceptera de se déclarer compétent pour la deuxième. Si le Grand-Duché souhaite effectivement protéger ces survivantes, il sera nécessaire de créer une commission parfaitement indépendante en mesure d’annuler une expulsion vers un autre Etat membre ou un pays tiers si celle-ci représente un danger objectif pour des personnes vulnérables, notamment lorsqu’il y a des enfants ou des victimes de torture et de violence sexuelle.

Passerell est une a.s.b.l. qui accompagne les demandeurs d'asile et les réfugiés dans des projets de socialisation avec des résidents du pays et dans la défense de leurs droits.

Personnes de contact :

Cassie ADELAIDE

Coordinatrice de projets Passerell a.s.b.l.

+352 691 311 890

 

Ambre SCHULZ

Chargée de projets Passerell a.s.b.l.

+352 621 811 162

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